Quelles sont les infrastructures susceptibles d’impacter les mangroves et herbiers marins au Sénégal ?
C’est à cette question que tente de répondre une nouvelle étude réalisée par Wetlands international Afrique.
En effet, le groupe de coordination national du projet de “Réduction de l’impact des infrastructures sur les écosystèmes côtiers en Afrique de l’ouest”, sous la présidence de la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés (DEEC), a procédé à la validation de l’étude portant sur “l’Inventaire des infrastructures susceptibles d’impacter les mangroves et les herbiers marins et cartographie de ces infrastructures au Delta du Saloum et la Petite Côte”.
Comme l’indique son titre cette étude a pour objectif de réaliser un inventaire et une cartographie des infrastructures existantes ou en projet, d’évaluer leurs impacts potentiels et d’analyser les risques avérés et/ou potentiels sur les mangroves et les herbiers marins en mettant le focus sur deux sites prioritaires, à savoir : Le Delta du Saloum et la petite Côte, qui se caractérisent par la présence de grandes formations de mangroves et d’herbiers marins. Ces écosystèmes de mangroves et d’herbiers marins subissent d’importantes modifications écologiques qui sont pour la plupart dues aux activités anthropiques et au changement climatique. Plusieurs études réalisées dans la zone ont mentionné que les principales causes de dégradation des mangroves et des herbiers marins sont la baisse de la pluviométrie, l’urbanisation, à la construction d’ouvrages, la surexploitation des ressources halieutiques et l’utilisation irrationnelle du bois de mangrove par les populations locales.
A noter que cette étude s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des projets “Réduction de l’impact des infrastructures sur les écosystèmes côtiers en Afrique de l’Ouest (PRISE) et du programme “Mangrove Capital Africa” respectivement financés par la Fondation MAVA et la Fondation DOB Ecology.
Les résultats de l’étude montrent que plusieurs infrastructures sont construites ou projetées dans le Delta du Saloum et sur la Petite Côte. Les plus grandes infrastructures existantes ou en projet sont liées aux activités touristiques et de pêche, au transport (maritime et routier), aux ouvrages hydrauliques et établissements humains.
Les quais de pêche, les réceptifs hôteliers, les ports maritimes, les ouvrages hydrauliques et de protection, les industries de transformation des produits de la pêche, les plateformes pétrolières et les établissements humains sont les principales infrastructures susceptibles d’impacter sur les mangroves et les herbiers marins.
Les principales sources d’impacts sont les travaux de construction des infrastructures, les rejets d’eaux usées, de polluants chimiques et solides, les dépôts sauvages d’ordures, les coupes de bois de mangrove et les modifications des dynamiques hydro-sédimentaires.
D’importantes quantités d’eaux usées générées par les quais de pêche, les industries de transformation des produits halieutiques et des établissements humains sont directement rejetées dans les eaux sans traitement approprié, en particulier sur la Petite Côte. Il ressort que les mangroves et les plages sont des endroits privilégiés de dépôts sauvages d’ordures par les populations locales et les usagers des infrastructures de pêche, notamment à Joal, Djiffer et Mbour. La coupe de bois de mangrove par les populations locales est l’une des principales menaces qui pèsent sur la mangrove dans le Delta du Saloum. Le dragage du fleuve Saloum, les ouvrages hydrauliques (ponts, dalots, buses) des axes routiers Joal-Djiffer, Passy-Toubacouta et le port maritime de Ndakhonga dans le Delta du Saloum modifient les dynamiques hydrologiques et sédimentaires des cours d’eaux et sont donc susceptibles d’engendrer des impacts négatifs sur les mangroves et les herbiers marins de la zone. Les résultats des entretiens avec des parties prenantes et les observations de terrain montrent que les dispositions des textes législatifs et réglementaires relatives aux rejets d’eaux usées dans le milieu naturel et aux projets soumis à une étude d’impact environnemental au Sénégal ne sont pas rigoureusement appliquées pour la construction et l’exploitation des infrastructures dans le Delta du Saloum et sur la Petite Côte.
En conclusion, les impacts potentiels évalués des infrastructures sur les mangroves et les herbiers marins peuvent être d’importance, de durée et d’intensité moyennes à élevées. Il s’avère donc nécessaire de prendre les mesures et actions appropriées pour atténuer les impacts négatifs potentiels ou réels de ces infrastructures sur les mangroves et les herbiers marins.
Sommaire de l'étude
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