Le Président de l’Association Inter Villageoise (AIV) du Ndiaël est conscient de l’ampleur de la tâche qui les attendent son organisation et lui après qu’ils ont remporté cette année le Prix de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) 2015 à Bonn, Allemagne pour leur implication dans la conservation des oiseaux d’eau et le suivi écologique. A ses yeux, l’AIV n’a plus le droit de croiser les bras dans sa mission de préservation de l’environnement. Pour M. Amadou Sow, ce prix est désormais une pression sur l’organisation qui ne doit plus dormir sur ses lauriers.
Comme une épée de Damoclès, le Prix AEWA 2015 ne sera pas de tout repos pour l’Association Inter Villageoise (AIV) du Ndiaël. “Cette reconnaissance internationale est source de motivation supplémentaire. Elle est comme un sacerdoce pour nous. Nous avons un grand défi à relever. Avec ce prix, nous n’avons plus le droit de baisser les bras, ni le droit à l’erreur’’, a fait remarquer son président M. Amadou Sow à son retour de la 6e Réunion des Parties (MOP6). Il poursuit ‘’Nous allons nous remobiliser encore parce que le meilleur est devant nous. Nous sommes très contents du Prix AEWA 2015 que nous avons reçu récemment à Bonn, Allemagne. Nous remercions nos partenaires comme Wetlands International et AW avec lesquels nous avons travaillé dans le cadre du Programme MFS II- Ecosystem Alliance au niveau du Ndiaël. Grâce à leur soutien, nous avons fait ce travail colossal qui est à l’origine de ce prix. Nous allons nous investir davantage pour de nouveaux défis dans le Ndiaël. C’est avec le cofinancement de Wetlands International et de Living on the Earth (LoTE) que nous avons pu faire les réalisations qui nous ont valu cette distinction. Celui qui se rend au Ndiaël sait qu’il y a une grande différence entre le passé et le présent, qu’un grand changement est noté dans le site du fait de l’intervention des organisations internationales’’.
La réapparition de la faune et de la flore suite aux différentes activités de restauration et de conservation de l’écosystème est d’une grande importance pour l’AIV Ndiaël qui ne la minimise pas. Et M. Sow d’ajouter ‘’L’AIV tend la main aux partenaires comme Wetlands International et les autres pour nous aider dans notre mission de revitalisation de la Réserve Spéciale d’Avifaune du Ndiaël (RSAN), la remise en eau aura un impact socio-économique inestimable pour les populations des 32 villages. Nous voulons aller de l’avant. Déjà, la piste de désenclavement de Bélel Mbaye construite dans le cadre d’Ecosystem Alliance a des effets positifs dans la vie socio-économique de la zone’’.
En créant l’AIV en 2004, ses membres ne pensaient pas arriver à une telle consécration. Tout a commencé avec le projet Biodiversité Mauritanie-Sénégal qui a aidé la structure à avoir les papiers administratifs comme le récépissé et à bénéficier de beaucoup de formations. Le programme Compact, n’a pas été en reste mais ‘’c’est avec Wetlands International et AW que nous avons eu beaucoup de choses. Ce que nous avons de Wetlands International, nous ne l’avons jamais eu avec un partenaire. Le Prix AEWA 2015 a été une surprise, on ne s’y attendait pas. On s’attendait peut être à une distinction au niveau national comme ce fut le cas en 2011 quand nous avons remporté un prix du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable du Sénégal’’ martèle M. Sow.
Aujourd’hui, l’espoir est permis quant à l’obtention de meilleurs résultats. Le président Amadou Sow et ses membres colorent même l’avenir du Ndiaël en rose. ‘’On n’est pas loin de l’atteinte des objectifs. Avec la remise en eau, nous sommes plus qu’optimistes. Si le liquide précieux est là, on aura des lendemains meilleurs avec des impacts réels en matière d’élevage car nous sommes dans une zone agro-pastorale, en plus des effets positifs sur la pêche, l’écotourisme avec les nombreuses potentialités dans la RSAN. A cela s’ajoute la création de débouchés avec la création d’emplois. Il y avait de l’eau dans le passé mais il n’y avait pas de moyens. Par exemple, il est prévu la construction d’un campement touristique dans le cadre du Préfélag’’, déclare t-il.
Le lauréat du Prix AEWA 2015 avertit ‘’j’ai saisi la tribune qui m’était offerte par la remise du prix pour interpeller la communauté internationale par rapport à la survie du Ndiaël avec le déclassement de 26.000ha sur les 46.000 dans le passé. Qu’elle nous soutienne pour l’intégrité de la réserve et l’intérêt des communautés locales. Si l’on y prend garde, la superficie risque d’être réduite avec l’arrivée de l’agro-business, mais nous allons faire face. La conservation de la biodiversité a beaucoup plus d’importance pour nous que l’arrivée des multinationales, nous allons nous opposer que nos terres soient spoliées’’, conclut le sexagénaire.